L'incorrigible


Victor Vautier : « Eh ben faites pas cette tête-là, chef...
 » Le gardien de la prison de la Santé : « On savait bien qu'vous partiriez un jour, mais on s'disait : y f'ra p't-êt' une bêtise, y butera un gardien, et puis voilà, le jour où ça arrive, ça fait mal...
 » Victor Vautier : « Vous avez raison, le plus dur, c'est pour ceux qui restent. »

"Assez de sensibleries, les affaires reprennent, je les entends... Mieux! je les sens..."

"Dure, très dure, 5h d'avion, 6h de chameau, 8h de train, j'arrive d'Addis-Abeba. (...) Voit-tu l'homme ne vie pas seulement de conserves. Durant ces années j'ai longuement réfléchis. Je me suis dis: Victor qu'as tu fais de ta jeunesse? Après quelles chimères cours-tu? A vouloir saisir l'insaisissable ne risques-tu pas de perdre l'essentiel. Jettera-tu enfin l'encre, vieux coureur de savane."

"J'ai compris, va cheminot, chemine le ventre creux."


"Vous n'avez qu'à remarquer, les encorbellements, les colonnes corinthiennes, c'est de l'art antique! (...) Quand vous seraient dans vos meubles, faudra leur expliquer sans ça vous auraient l'air de quoi?! Mordez la frise Italienne! Tenez, je vous le donne en mille, de qui elle est?"

"Charles-Henri de Férussac! Mme, M. l'ambassadeur. J'espère que l'agence vous a parlée de la petite reprise?" "Oh évidement mais nous aimerions jeter un petit coup d'œil." "Mais écoutez je suis là pour ça! Merci Lucien. Ici vous avez l'entrée, tapisserie du XVIIIème... Oui oui c'est une pendule de parquet évidement, fin XVIIIème. Ici vous avez l'électricité, beaucoup plus récente, regardez-moi ça. Des prises partout à l'américaine. Merci Lucien! Oui des prises partout pour chaîne hifi, mixeur, moulin à café, machine à laver... Tapis de Chine haut empire Ming 1403. Maman, 1913. Della Robbia, détaille amusant, à qui nous devons les frises de la façade." "Dis moi, y a plus de confiture de myrtille?" "Non!... La bibliothèque! Ma chambre! ....J'aurai dû l'abattre." "On ne visite pas la chambre?" "Non, on ne visite plus. L'auriez-vous abattu Morisson, vous un américain.... J'ai faillis le faire il y de ça un an jour pour jour. Chaque fois que je franchis cette pièce j'y pense... J'étais seul, ce soir là, au théâtre français, Hélène étant souffrante... Angoissé, je quitte la pièce. Je rentre. Je traverse le salon. Et soudain, j'entends un cri! Je me précipite et là, sur le tapis, un persan qui est d'ailleurs compris dans la reprise, un couple enchevêtré! Ma femme, et un bellâtre. Je n'ai pas su pardonner. Vous comprendrai pourquoi je quitte l'Europe, Mme, M."

"Dis donc mon vieux vous êtes encore en retard, vous avez raté l'ouverture. Alors vous lâchez sur le Saint-Gobain et vous matraquez sur le Suez."

Victor Vautier : « Ce n’est pas une question d’argent mais de principe. Regarde moi. Est-ce que j’ai l’air d’un pigeon ? Y a de la relance dans l’immobilier. J’ai du dollar. J’suis devenu féroce. »

Freddy : « Y'a p't-être une belle affaire. J'connais un mec qui cherche un bateau. Tu pourrais p't-être lui vendre le tien.
 Victor Vauthier : « Mais j'n'ai pas de bateau, moi...
 » Freddy : « Ben, c'est pour ça que c'est une belle affaire !»

« Je te remercie, tu aurais pu venir me chercher ! »
"J'absoudrais un étranger de me sortir un tel sophisme, mais toi, toi le compagnon de l'ermite, le témoin du sage, toi qui aurais pu être mon disciple...si tu n'était pas que fantasme et courant d'air." "J'ai vu Freddy." "Freddy, Morissette, Toto, Juju, tes relations sont à l'image de ta vie, navrantes et vaines. Voilà 20ans que tu te gaspilles entre les hippodromes et les alcôves, tu abolis le temps... Faut s'emmerder Victor...si on veux faire durer le temps. Moi, je peux me regarder des heures dans la glace, je dégage un ennuie épouvantable; le teint cireux, les dents jaunes, l'œil glauque; ajoute à ça des bourdonnements d'oreilles et un grand chagrin d'amour crois moi ça fait les heures longues. Toi tu n'oses même pas te regarder parce que tu es gai, donc frivole, donc inconséquent. Victor tu es une bulle! T'as vie court comme une eau vive! Faut dire que la mienne fuit comme un vieux robinet... La semaine prochaine j'avancerai mes barrières. Peut-être un jour n'en aurais-je plus besoin, ayant rejoint la sagesse absolue, l'immobilité totale, là, dans ce fauteuil, ramassé sur moi-même, dense comme un œuf. " "C'est pas un fauteuil que j'aurais dû t'offrir, c'est un coquetier.” Boa! J’vois pas pourquoi je m'échine. Tiens! Désormais d'autres que moi se chargeront de ton éducation, on t'envoie un psychiatre. Ils appellent ça un éducateur pour pas t'effrayer. Il sera là ce matin. Comptes-tu le recevoir dans cette tenue?"

"Monsieur Vautier?" "Hélas non, il est au jardin. Levé à l'aube Victor, toujours. Un greffoir, un sécateur, oh il ne demande pas grand chose à la vie Victor. Victor mon petit!" "Mon oncle?!" "Viens donc voir." "J'ai encore des soucis avec "La veuve du président Doumergue", au printemps elle m'a fait du rachitisme et maintenant elle me fait des pucerons." "Mais il y a un visite pour toi mon petit." "Mamselle? Oh vous venez pour la corbeille de mariage Rufec...mais attendez alors avec le coup de grêle qu'on a eu la semaine dernière..." "Non non non, Je ne viens pas pour ça, je suis mademoiselle Pontallec, j'ai été nommé par le juge d'application des peines, je suis déléguée permanente d'assistance post-pénale."

"Oh ben je le voyais pas du tout comme ça." "Oh! Faut se méfier des préjugés Mlle, qui vole un œuf vole un bœuf, qui a bu boira etc. etc... En dépit de quelques peccadilles qui d'ailleurs justifient votre présence, Victor est sain, extrêmement sain! Sa franchise est parfois brutale."
"Ici Ralph Benette, j'écoute. Ils voulaient des bombardiers, ils veulent des chasseurs? Affirmatif, aucunes difficultés. Des mirages 3, ok. Rendez-vous, 1h, Prince de Galles. Roger, terminé."
"Si vous cherchez dans ses atavismes, vous allez être déçue, c'est pas du Zola. Son père était jardinier à Villandry et sa mère, bouquetière à Saint Germain."

"C'est à vous, ça?" "Oui, ça fait 15 ans que je l'ai, c'est sentimental!" "On ne capote pas?" "Non, jamais!"

"C'est votre père qui vous a appris à vous garer?" "Mon père je ne l'ai connu qu'à cheval, parcourant les champs de bataille couverts de morts sur qui tombaient la nuit."

"Alors 2 poireaux vinaigrette! Ah! il y a une chose qu'il faut absolument pas louper, c'est la palette au lentille, alors 2 palettes, un turbot pour commencer. Après, un soufflet au grand marniez et 8 profiteroles. Tu nous mets un petit Beaujolais et un petit Sauvignon pour faire passer le turbot."
"C'est drôle! Vos yeux c'est la mer du Nord, la Flandre. L'ovale de votre visage, c'est la renaissance italienne. J'arrive pas du tout à vous situer."

"Mon père n'a jamais été jardinier! Il était....garde républicain."

"Moi aussi j'ai longtemps été seul, j'ai eu une jeunesse atroce dont j'aime mieux pas parler. Un père alcoolique, Maman usée par les lessives. Je la revoie dans la forêt couverte de givre ramassant du bois mort. Moi, accroché à ses haillons..." "Vous étiez combien chez vous?" "Oh! Au moins 15..." "15...?" "Et puis des hommes ont commencés à débarquer à la maison, des militaires surtout; faut dire que maman était très belle. Vous l'auriez vu dans le grand escalier du vestibule avec son Boa autour du cou en plume de Paon." "Ah, pour ramasser du bois c'est pratique ça." "Non alors écoutez si vous m'interrompez tout le temps, moi je perds le fil."

"Le conseil des ministres a été plus long que prévu, excusez moi mon général, M. le ministre, Excellence." "Vous êtes tout excusé M. le conseiller." "Vos bifurcations stratégiques m'ont pris de cours, je ne suis pas loin de penser comme vous, jusqu'à Roissy d'ailleurs les bombardiers, en ce moment, ont mauvaise réputation. Les mirages sont sous clef à Buc sous la surveillance d'un garde républicain dont je répond comme de moi-même." "Le général aimerait que les missiles soit à 'Bobonagouda' jeudi, pour la manifestation populaire." "Jeudi... Vous me posez un problème. Nous avions prévu d'acheminer les pièces détachées, moitié par Tanger, moitié par Istanbul, l'assemblage devant se faire à Ouarzazate, les pilotes arrivant d'Oulan-Bator par le Tupolev du week-end. Le jeudi, y a pas de Tupolev. Faut donc que j'en réfère à Matignon, veuillez m'excusez, M. Le ministre, excusez moi."

"Pour le Tupolev c'est arrangé, ça sera un Iliouchine. Pour le règlement les finances sont d'accord, le gouvernement ferme les yeux mais le chef du hangar ne veut rien savoir. C'est un homme intègre, il veut du cash, 2 millions, 2, 3x2, 6... Ma secrétaire, excusez-moi."
"Ce sont des importateurs de Palétuviers roses." "Qu'est ce que c'est que ces moustaches?" "Moi, j'ai jamais eu de moustaches, attendez moi là."
"Voilà, ma secrétaire tape les contrats.." "Vous n'avez plus de moustaches?!" "Non alors écoutez, on parle de moustaches ou on parle d'avions. Parce que je vais vous dire moi, moustaches ou pas moustaches vous commencez à me faire la tête au carré. Et puis d'abord, vos histoires de transit par Tanger et Istanbul, ça sent le faisan. Alors, j' vais vous dire, vos mirages vous pouvez aller les acheter chez le plumeau. Albert! Vous mettrez ça sur mon compte, ma canne et mon chapeau!"

"Mlle ! La musique classique disiez vous?" "Oui" "Mais c'est toute ma vie, j'ai grandi dans la musique classique, j'ai été élevé dans la musique classique. Ma mère chantait la Traviata dans sa baignoire."

"Tu réagis comme un enfant Victor. Tu vois l'amour à travers les mandolines et les vers de mirlitons. L'amour, le vrai et shakespearien. L'amour ne se susurre pas, il se hurle. J'ai hurlé comme personne. Ca m'arrive encore, Antinéa!" (...)
"Le décor de tes amours au milieu des betteraves."
"Ah, ça c'est d'un goût. Ne serais-ce qu'à cause de ton vocabulaire, tu ne connaîtras jamais l'atroce volupté des grands chagrins d'amour. Mais tout le monde n'a pas la stature d'un tragédien. Contente-toi du bonheur, la consolation des médiocres." "Tu a raison de me remettre à ma place Camille. Tu es fait pour les alexandrins et la pourpre; moi pour les shampouineuses et les pinces à vélo."

"Tenez Gislaine, ma frangine, ben l'autre soir il l'a poursuivait à coup de tisonnier." "Ben oui mais qu'est ce que vous voulez que je vous dise, un mari, le samedi soir, faut bien qui se défoule. Je passerai le gronder la semaine prochaine, je vous promets. Au revoir madame."

"Enfin Raoul tu peux m'imaginer dans un diner! chemise à jabot, pantalon à soutache, la taille prise au milieu des plantes vertes, les femmes s'esclaffant sous mes saillis, les hommes eux-mêmes pris sous le charme."

Camille : « Je n'demanderais qu'à vous renseigner plus complètement, monsieur l'ministre, mais malheureusement, je n'suis qu'un médiateur. Je suppose que vos experts ont examiné la première livraison, livraison qui vous a été faite gratuitement, si si si si, j'insiste, gratuitement. Une sorte de certificat de propriété. D'ailleurs, l'authenticité ne fait aucun doute, l'audace de ces jeunes gens non plus. Vous savez combien ils réclament ? »
 Le ministre : « Je ne voudrais pas m'avancer, mais... »
 Camille : « À vrai dire, mes clients souhaiteraient mener l'opération en deux temps. Le deuxième volet sera livré contre 500 millions. » 
Le ministre : « 500 millions ? »
 Camille : « 500 millions. Et lorsque notre bonne foi réciproque sera prouvée de part et d'autre, ce dont je ne doute pas un seul instant, monsieur le ministre, (ricanements), eh bien la dernière partie du triptyque vous s'ra r'mise... contre 500 autres millions. »
Le ministre : « Mais ça fait un milliard. Vous m'assassinez.
 »Camille : Eh oui, un milliard, j'n'en ai pas cru mes oreilles. Ah, j'oubliais, en p'tites coupures, ils y tiennent absolument. »
Le ministre : « Mais il faut qu'j'en réfère à mon collègue des Finances, c'est une somme considérable.
 » Camille : « Oh. En p'tites coupures, monsieur l'ministre. » 
Le ministre (sourire complice malgré l'éloignement de son interlocuteur) : « Ben oui. Oui, je n'dis pas. (se reprenant) Oui, mais enfin quand même...
» Camille : « Eh bien, j'vous rappelle dans l'courant d'la matinée. Mais tout ça m'semble extrêmement bien parti. À vous entendre, monsieur l'ministre ! » (raccroche le téléphone et frappe dans ses mains).

Camille : (s'adressant à Victor, et parlant de Madame Pontalec) « Regarde l'aut' vieille guimbarde. Elle a découvert le Dom Pérignon, et pas n'importe lequel, du « Brut Cordon noir ». Chaque lampée, tu sais combien qu'ça nous coûte ? (désignant à présent Monsieur Pontalec) Et l'autre ? L'aut' vieux croûton qui part travailler son drive, des l'çons à dix mille balles de l'heure. En plus, ça l'met en appétit, y bouffe comme quatre. Tandis qu'quand y s'agit d'nous... Trois fois il a fallu qu'j'demande pour m'acheter des espadrilles. J'ose même plus changer d'cravate...
 » Marie-Charlotte (surgissant entre Camille et Victor) : « Ça tourne, là-d'dans, hein ? (se tournant vers Victor) J'vais m'étendre un peu, tu viens ? » 
Victor : « J'arrive. » (Marie-Charlotte s'éloignant)
 Camille : « Elle te siffle pas encore... ça viendra. » 
Marie-Charlotte (hélant Victor de loin) : « Victor ! » 
Victor (guilleret) : « Il arrive, il arrive...
 » Camille : « Elle a capturé un lion, pour en faire une descente de lit. Assassin... ASSASSIN ! Vous aurez la peau du jeune, pas celle du vieux. (se lève sur le coup de la colère) Je m'escapade, je m'éclipse, je m'disperse. (se retournant) Adieu, vautours ! (s'adressant tendrement à son « disciple ») Adieu, Victor... » 
Marie-Charlotte (hélant Victor d'encore plus loin) : « Victor !
Victor » (regardant perplexe au fond de son verre) : « J'arrive, (se tournant, aux anges, en direction de la chambre) mon cœur. »

Aucun commentaire: